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©opyright (mise en vente), 2007
1 min. 30
Vente à Drouot-Richelieu par Cornette-de-Saint-Cyr, lundi 18 décembre 2006
Production: Mac/Val, Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne, Vitry/Seine
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Le nouveau projet de Raphaël Boccanfuso pousse encore plus loin le brouillage entre créativité et propriété. Il choisit les deux auxiliaires « être© » et « avoir© » dans la typographie utilisée dans les catalogues d’exposition et les supports de communication du MAC/VAL pour les déposer, agrandis et transformés en « images », auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI, dépôt dans une « enveloppe Soleau »). Il devient ainsi détenteur du graphisme, et au-delà du sens qu’il véhicule : une astuce pour s’approprier ce qui ne lui appartient pas, pour contaminer les publications du musée... et pouvoir potentiellement attaquer en justice toute personne qui utiliserait ces mots dans cette police sans les faire suivre de son copyright. Pour repointer les circuits utilisés, et en respectant le champ sémantique, il met en vente aux enchères « avoir© » et reste propriétaire d’« être© ». Cette fiction où l’on peut acheter les droits d’exploitation d’une image qui n’a finalement pas d’intérêt renvoie l’art à son absence d’autorité légale, en même temps qu’elle s’inscrit dans une longue histoire de jurisprudences où Brancusi peut affronter les douanes américaines, Duchamp signer un objet manufacturé et Klein multiplier les dépôts à l’INPI. Le recours au droit d’auteur permet à Raphaël Boccanfuso d’interroger la valeur et l’originalité de l’œuvre d’art, celui au copyright souligne l’assimilation de l’œuvre à une marchandise et de l’auteur à un marchand. La pensée de l’original en art peut bien n’être© plus d’actualité, c’est toujours une porte d’entrée du juridique dans l’artistique... terrain mouvant pris de front par les pratiques artistiques du XXe siècle, menaçant de devenir une véritable pente savonneuse...
Faire image de l’interdiction de l’image... Raphaël Boccanfuso, Mithridate du droit d’auteur s’inoculant le virus du copyright pour mieux résister à la sur-légifération du monde contemporain ? Philistin qui, pour exorciser l’épidémie, fait des images figurant les signes de la maladie pour les renvoyer chez l’agresseur ? Peut-être© simplement s’inscrire dans l’histoire des formes pour mieux pirater les comportements. Mais vendre « avoir© » et garder « être© » est plus qu’une simple boutade quand aujourd’hui la liberté de création artistique est bien moins protégée que la propriété littéraire et artistique. L’autonomie de l’art et la censure des juges ont grandi en proportion. Marie-José Mondzain souligne justement tout le trouble de l’expression « propriété de l’image » : « D’un côté, le pouvoir qui définit l’être©, de l’autre la domination de l’avoir©. »* C’est là où la production de Raphaël Boccanfuso travaille à plein régime, en rajoutant au trouble, en rendant à la pratique artistique sa forme de visibilité déplacée, en donnant au principe « privé » du droit d’auteur sa scène publique.

Extrait du texte de Julie David, catalogue de l’exposition ©opyright de Raphaël Boccanfuso au Mac/Val, 2007




























© Raphaël Boccanfuso 2009